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Au moment de la réédition de la célèbre revue Midi-Minuit Fantastique (Rouge Profond) et dans une période où le genre fantastique/horrifique est particulièrement dynamique tant au cinéma que dans les séries télévisées, il semble opportun de faire retour sur le rôle joué par la Hammer Films, studio indépendant britannique qui, vingt ans après Universal, a fait revivre les grandes figures mythiques (Dracula, Frankenstein, la Momie, le Loup-garou etc.) en leur donnant une incarnation modernisée plus conforme à l’évolution de la société et des mœurs en Angleterre en particulier.

Le studio Hammer est créé en 1934 par Enrique Carreras et William Hinds. Après des débuts assez modestes mais où déjà un style s’affirme, en particulier dans des films de SF comme Le triangle à quatre côtés (1953), et The Quatermass Experiment (1955), le studio connaît un grand succès avec The Curse of Frankenstein (1957) suivi peu après par Horror of Dracula (1958), tous deux réalisés par Terence Fisher qui va imprimer sa marque, grâce aussi à des acteurs comme Christopher Lee et Peter Cushing, futures icônes du cinéma d’horreur. Le studio produit entre 1955 et 1979 près de 150 films et aussi deux séries télévisées à succès. Certains films relèvent de la science-fiction, d’autres de l’aventure exotique (The Stranglers of Bombay) ou encore du genre policier, mais les films d’horreur sont les plus connus du public, et les plus appréciés par la critique (après un long purgatoire). Ils constituent la marque de fabrique de la firme qui connaît un grand succès grâce en particulier à la reprise des figures gothiques ayant accédé au statut de mythe moderne avec le théâtre et le cinéma.

Le choix d’un retour relatif aux sources romanesques et surtout au contexte victorien fin de siècle confère une homogénéité culturelle et plastique (décors, costumes, couleurs) à ces films. Cette cohérence est renforcée par le fait que ces films sont issus d’un travail d’équipe avec les mêmes collaborateurs qui affirment leur esthétique. Terence Fisher est la figure emblématique, réalisant cinq versions de Frankenstein, trois de Dracula, et aussi The Mummy, The Curse of the Werewolf, The Phantom of the Opera, the Hound of the Baskerville, The Two Faces of Dr Jekyll etc. Parmi les autres réalisateurs se détachent Freddie Francis, John Gilling (The Reptile, Plague of the Zombies), Peter Sasdy et quelques autres. Jimmy Sangster, le scénariste le plus connu, signe les scénarios de Curse of Frankenstein, Horror of Dracula, the Mummy etc. Pour la photographie souvent flamboyante, on retient le nom de Jack Asher, pour les décors, celui de Bernard Robinson. James Bernard signe souvent la partition musicale. Les acteurs masculins sont fortement valorisés par l’intrigue mais les actrices, les « scream queens » (Barbara Shelley, Ingrid Pitt, Veronica Carlson, Martine Beswick, Valérie Gaunt, Carol Marsh), bien que souvent confinées à des rôles de victimes, comptent beaucoup pour le succès des films qui misent aussi, d’où les fréquents problèmes de censure, sur la violence et l’érotisme. Tout ceci assure une cohésion qui permet au spectateur de reconnaître le style « Hammer films ».

Il s’agira dans ce colloque de revenir sur l’histoire de la Hammer films, et d’examiner les différentes périodes de production, l’âge d’or étant associé au studio de Bray, jusqu’aux derniers films des années 70. Il s’agira aussi d’étudier dans le sillage de la Hammer la production de certains petits studios comme Amicus ou certains cycles courts de films d’horreur. Les films eux-mêmes seront analysés à partir de différentes approches théoriques et méthodologiques et on s’efforcera de mettre en lumière, au-delà des approches thématiques, contextuelles, intertextuelles, psychanalytiques, gender studies, ce qui caractérise le style de ces films et justifie la fascination qu’ils exercent sur des générations de spectateurs. Il conviendra enfin d’examiner les questions de réception, en particulier en France et en Europe, la relation aussi avec la censure, l’impact sociologique de ces films. Les études actorales ne seront pas oubliées. Nous espérons aussi pouvoir compter sur la présence de professionnels, anciens collaborateurs du studio (acteurs, techniciens) ou « grands témoins » ayant contribué à la reconnaissance de la Hammer.

Do I believe in the supernatural? Oh yes, certainly. I can't believe, I can't accept that you die and that's the end. Physically maybe it is a fact. But there's something about the mind that's more than that.

– Terence Fisher

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